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de la bastille

Théâtre de la Bastille

main

36, avenue Georges Mandel


06 mar > 14 mar

Admirateur passionné de La Callas, Raymund Hoghe se promène seul, dans son dernier spectacle, au « 36, Avenue Georges Mandel », résidence parisienne de la cantatrice, pour nous offrir en partage Sa Callas ressuscitée.

6 au 14 mars à 21 h, dimanche à 17 h, relâche le lundi

théâtre / danse

36, avenue Georges Mandel
spectacle de Raimund Hoghe
Le reportage qui suit a été réalisé par l'équipe d'OC-TV.net : Cédric Batifoulier et Marie Louchard

http://www.oc-tv.net/raimund-hoghe--young-people--old-voices.htm


Conception, chorégraphie et danse Raimund Hoghe. Collaboration artistique Luca Giacomo Schulte. Danseur invité Emmanuel Eggermont. Lumière Raimund Hoghe et Amaury Seval. Son Patrick Buret. Musique Maria Callas chante des airs de Bellini, Donizetti, Verdi, Spontini, Giordano, Gluck, Massenet, Catalani, Saint-Saëns et Bizet enregistrés entre 1949 et 1974.

Dans 36, Avenue Georges Mandel, Raimund Hoghe arpente la scène baigné dans la voix de La Callas. Déjà dans son premier solo, intitulé Meinwärts et qui date de 1994, (Théâtre de la Bast i l le 1997), le chorégraphe allemand s'inspirait de la vie et de l'oeuvre d'un chanteur, le ténor juif des années quarante, Joseph Schmidt. C'est que Raimund Hoghe aime puiser dans les histoires et les voix du passé, dans les sons d'archive, dans les vieux enregistrements, dans les musiques populaires qu'il sait agencer en de formidables moteurs d'émotions. Espaces clos de nos rêveries les plus intimes, ces sons possèdent aussi la capacité de nous relier les uns aux autres. Chacun peut partager un souvenir, une sensation, une émotion à l'évocation de la plus célèbre cantatrice du XXe siècle. Tout en s'appuyant sur la dynamique émotive des plus beaux airs d'opéra de cette artiste au destin tragique � on entend notamment dans le spectacle des airs de Bellini, Donizetti, Verdi, Gluck, Massenet ou Saint-Saëns � Raimund Hoghe propose un spectacle tout en retenue. La précision, la sobriété et la lenteur de ses gestes forcent le regard du spectateur et créent une caisse de résonance sensible réactivant le dialogue entre la vie et l'art. Seul en scène, à l'exception de quelques apparitions du jeune interprète Emmanuel Eggermont, Raimund Hoghe suggère plus qu'il n'interprète des états, des situations liés à la vie de la cantatrice, à sa vie, à l'histoire des hommes.

Le titre du spectacle, 36, Avenue Georges Mandel, correspond à la dernière demeure de la cantatrice, celle où elle s'éteint dans la solitude et la lassitude le 16 septembre 1977. Evoquant l'abandon ultime de Maria Callas, à qui il ne reste rien ni personne, Raimund Hoghe ouvre le spectacle allongé au sol, recroquevillé sur lui-même, enveloppé dans une couverture de la Croix-Rouge. Sur le plateau, on distingue, ça et là, des habits posés à plat, un costume noir, un manteau, un pull et au centre, des chaussures à talon aiguille. Délicatement, Luca Giacomo Schulte, son collaborateur artistique, élégant jeune homme, vient tracer au pinceau le contour des différents objets et du corps étendu. De musée du souvenir inanimé, le spectacle se transforme progressivement en un opéra miniature minimaliste dans lequel Raimund Hoghe déjoue tous les rôles pour mieux tenter de cerner l'esprit de La Callas. Il ne s'agit ici nullement de jouer à La Callas mais plutôt, comme l'explique Raimund Hoghe dans un entretien avec Irène Filiberti, « de trouver comment m'approcher d'elle, comment évoquer une forme d'intériorité, au plus juste de ce que je ressens d'elle ». Une fois de plus, il parvient à avaler l'espace d'un seul geste, à lui donner un sens qui transcende ses actions économes. Alors que s'élève l'aria Ebben ? Ne andró lontana de l'opéra La Wally d'Alfredo Catalani, moment poignant où l'héroïne décide de quitter le domicile familial, Raimund Hoghe se relève et dans un mouvement de plis et de replis des avant-bras, semble figurer les battements d'ailes des oiseaux ou les signaux des aiguilleurs aériens. En un geste simple, c'est toute la déchirure du départ forcé, du déracinement involontaire qui surgit alors au centre du plateau. Hommage manifeste à la grande artiste, 36, Avenue Georges Mandel raconte alors toute la détermination nécessaire au métier de vivre, entre courage, résistance, abattement et misère.