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de la bastille

Théâtre de la Bastille

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Spoken word/body.


13 fev > 19 fev

Rassemblement et convivialité sont les maîtres mots du danseur et chorégraphe Martin Bélanger pour qualifier son travail en général et, en particulier, son dernier opus intitulé Spoken word/body, nom de la forme artistique qu'il emprunte pour cette pièce.

Spoken word/body.

Chorégraphie Martin Bélanger.

Avec Martin Bélanger, Jean-Sébastien Durocher.

Environnement sonore Jean-Sébastien Durocher. Lumière Jean Jauvin. Conseillère artistique à la création et répétitrice Marie-Andrée Gougeon. Photographes Yoko Minishi, Frank Desgagnés

Rassemblement et convivialité sont les maîtres mots du danseur et chorégraphe Martin Bélanger pour qualifier son travail en général et, en particulier, son dernier opus intitulé Spoken word/body, nom de la forme artistique qu'il emprunte pour cette pièce. �Je suis essentiellement nord-américain, explique-t-il, de par mon intérêt pour des formes expansives comme le spoken word, le stand up, ou encore le gospel�.Apparu il y a une quarantaine d'années aux Etats-Unis, le spoken word est le mariage de la poésie parlée avec la musique et la performance. Une forme de narration proche de celle d'un conteur free style . �Un des éléments le plus important auquel je pense pour mes spectacles, vu l'existence du cinéma et d'internet notamment, est que la scène n'a plus lieu d'être un écran, il y en a déjà assez�. Toute sensation de distance entre les artistes sur scène et le public dans la salle
doit être abolie. Plus qu'une exposition, qu'une fascination, qu'une catharsis, et bien loin d'une éventuelle projection de la part du public comme d'une possible servitude de la part de l'interprète, le spectacle est conçu comme un parcours mutuellement consenti avec le regard du spectateur.

Il s'adresse au public avec le charme naturel des conteurs du Québec
Dans Spoken word/body, Martin Bélanger, avec le concours actif de Jean-Sébastien Durocher sur scène pour l'environnement sonore et de Jean Jauvin aux lumières, déploie avec ironie, pédagogie et inventivité son univers. Décontracté, vêtu d'un simple sweat-shirt sur pantalon noir, pieds nus dans ses claquettes, il s'adresse au public avec le charme naturel et séduisant des conteurs du Québec, son pays. �Ce désir de parler au monde, c'est aussi sortir la danse d'un vase clos, précise-t-il. Dès qu'on apparaît sur scène, le moindre geste qu'on fait est récupéré par le regard, je me sens beaucoup à la merci du regard�. Martin Bélanger est un danseur qui a besoin de parler pour conduire le regard du spectateur. Le procédé est simple : dire les gestes pour ensuite les exécuter. �C'est comme si je voulais que la parole supporte la poésie du corps�, ajoute-t-il. Le résultat est efficace. Les mouvements se décollent vite des mots. Ils nous surprennent, nous intriguent, ils font rire et rêver. La danse est sauvage. Comme le crie le chorégraphe Wim Vandekeybus : �C'est pas du sport, la danse !�. Rebelle, elle ne saurait être une fonction.

Rendre visible un mouvement de pensée qui s'enracine dans le corps
Construit avec patience, le spectacle suit le cours de son raisonnement pour atteindre son objet, annoncé à voix haute dès le début : parler des futurs possibles du corps et de sa relation avec la conscience, �parce que, ajoute Martin Bélanger avec une simplicité déconcertante, ça me fascine, et je pense que c'est important�. Explication de mots clés comme �idiosyncrasie�, manière d'être particulière à chaque individu qui l'amène à avoir des réactions et des comportements qui lui sont propres, procédés de répétition des gestes avec ou sans lumière, avec ou sans son, avec ou sans parole, tous les artifices de la scène sont bons pour rendre visible un mouvement de pensée qui s'enracine dans le corps.

Le dénouement réside dans notre seul et unique regard
Avec la conviction d'un marchand d'objets inutiles que l'on trouve aux abords des grands magasins, Martin Bélanger tient à nous convaincre que sa �camelote� est valable. De démonstrations en accumulations de savoir, le vendeur, lui-même cobaye de ses expériences, est l'acteur d'un
drame dont le dénouement réside dans notre seul et unique regard. �J'ai l'impression que j'emmène quelqu'un dans un jardin et après je le laisse aller�, explique le chorégraphe. Guidé par la parole, comme des aveugles le seraient par la main, le spectateur, passés quelques moments de suspicion, se détend lentement et finit par se laisser prendre au jeu. Il se découvre nu comme un ver dans la lumière blanche de la scène à observer la danse d'un chat noir.