théâtre

de la bastille

Théâtre de la Bastille

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La mer fascinante, envahissante, dévorante ; le roulis, le ressac et �l'hébétude des vieux marins� sont au coeur de cette évocation puissante et poétique.

BAR-Q-UES

Gaëtan Besnard, Christian Dubet, Vincent Fortemps, Alain Mahé, Jean-François Pauvros.

Spectacle réalisé par Gaëtan Besnard (vidéo), Christian Dubet (lumière), Vincent Fortemps (dessin) et Alain Mahé (musique). Jean-François Pauvros, (musicien-improvisateur).

Ça roule, ça tangue, ça secoue. Et voilà que survient une épaisse masse d'ombre. Coup de tabac ? Allez savoir. En tout cas, on s'accroche et on tient bon. Qu'importent les paquets de mer qui éclaboussent le visage. L'aventure vaut le coup. En plus, on ne bouge même pas de son fauteuil et pourtant on s'y croirait, face aux embruns, vaillant, arrimé comme on peut sur le gaillard d'avant. C'est que nos marins s'y entendent à fabriquer de l'illusion. Eux-mêmes d'ailleurs ont l'air de souquer ferme. Ce sont Christian Dubet, Gaëtan Besnard, Vincent Fortemps et Alain Mahé qui se démènent comme des diables dans cette histoire houleuse, élaborant à bout de bras une forme insolite où lumière, son, images filmées et dessinées dans le temps même du spectacle � inventent et composent sous les yeux ébahis du public une fantasmagorie inouïe. Cette formidable machine à rêves s'appuie sur une technique ingénieuse, bricolée à la maison, que nos inventeurs désignent d'un nom évocateur, la cinémécanique. BAR-Q-UES, le bien nommé est leur premier spectacle. Il est construit à partir d'un récit de Vincent Fortemps, qui est le dessinateur de la bande et par ailleurs l'auteur de nombreuses histoires en images. Pour l'occasion, un cinquième homme a rejoint l'équipage, il s'agit du guitariste Jean-François Pauvros dont le travail intense sur la matière sonore est pour beaucoup dans le succès de BAR-Q-UES.

Il y a un langage commun qui s'est inventé à partir de ce travail à plusieurs.

Rien n'est ordinaire dans cette aventure. Au départ, il y a la rencontre de Christian Dubet et Vincent Fortemps, tandis qu'ils travaillaient sur le spectacle de François Verret, Chantier-Musil. En marge des répétitions, ils rêvent de développer certaines techniques associant le dessin, la vidéo et la lumière. Utilisant une machine conçue à l'origine par Claudine Brahem pour Chantier-Musil, ils décident d'en exploiter les possibilités pour travailler sur le mouvement même de l'image, son apparition, sa disparition, sa transformation par le biais de la vidéo qui la retransmet, mais aussi par la lumière. Ainsi est née la cinémécanique. Deux autres complices s'associent très vite à l'aventure, Alain Mahé qui travaille le matériau sonore pendant la représentation et Gaëtan Besnard en charge de la vidéo. �Il s'agit vraiment d'une construction collective, explique Christian Dubet. Cela repose sur une interaction permanente entre nous, ce qui suppose que nous soyons très à l'écoute les uns des autres. Peu à peu, il y a un langage commun qui s'est inventé à partir de ce travail à plusieurs. Mais chaque représentation demande beaucoup de concentration car tout ça est très précis.� Alors chacun officie à son poste et c'est la conjugaison des efforts qui produit un effet d'ensemble saisissant. Vincent Fortemps parle de �récit atmosphérique�, insistant sur le fait qu'il n'y a pas tant un texte �qu'une texture�. Au passage, ça parle aussi des �anciens�, comme le précise Gaëtan Besnard en évoquant ces vieux marins dont on voit par moments les visages burinés à l'écran. La mer est partout dans BAR-Q-UES. La mer, élément commun à nos artistes pour la plupart originaires de Bretagne à l'exception du Belge Vincent Fortemps dont les récits atmosphériques parlent aussi, bien souvent, de l'océan. Comme le ciel qui change tout le temps au-dessus du miroir de l'eau, ce spectacle tient du paysage mais qui serait pris à bras le corps. Une variation climatique puissamment plastique à la croisée des regards. Ce que résume Alain Mahé en évoquant �l'énergie qui circule, la mécanique des fluides... Chaque décision ne dépend pas d'un seul point de vue, mais du regard conjugué de tous ceux qui sont embarqués�.