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de la bastille

Théâtre de la Bastille

main

The Part.


31 mai > 06 juin

A la manière du Père Noël, elle déploie autour d'elle, dans ce solo, des gestes, des sons et des objets en guise de signes.

31 mai au 6 juin
à 19 h 30, relâche le dimanche

The Part


Chorégraphie et interprétaion de Antonija Livingstone.

Assistante artistique à la création : Heather Kravas.
Scénographie : Antonija Livingstone.
Lumière et direction technique : Jean Jauvin.
Photographies : Juho Jappinen et A. Carter.
Productrice déléguée : Marie-Andrée Gougeon.
Réalisation : Théâtre de la Bastille
La création de The Part a été rendue possible grâce à l'aide du Conseil des arts du Canada.
La présentation de The Part bénéficie du soutien administratif de la compagnie Daniel Léveillé Danse (Montréal) par le biais de son programme de parrainage.


Antonija Livingstone est née en 1971 à Vancouver au Canada. Artiste prolifique, elle demeure pourtant une figure discrète de la danse contemporaine. Une discrétion à mettre au compte d'un parcours exigeant qui la mène de la danse classique à la « grande famille queer », dont elle se revendique aujourd'hui, sans oublier l'apprentissage du contact improvisation et des arts martiaux chinois.
Pour présenter son solo The Part, Antonija Livingstone tient à mentionner l'invitation qui lui a été faite en février 2004 à participer au workshop Connexive : Vera Mantero, une initiative de Myriam Van Imschhot et Barbara Raes du Centre culturel Vooruit de Gand qui réunissait trois chorégraphes majeurs de la danse contemporaine : Vera Mantero donc, mais aussi Meg Stuart et Benoît Lachambre. À l'issue de cet atelier, il fut demandé aux participants d'offrir "a proposal”, soit une proposition, à ces trois éminents guides en retour de leur enseignement. The Part s'inscrit ainsi dans le récit d'une expérience à offrir en partage. C'est une pièce intrigante qui fascine à la fois par la profusion des langages corporels utilisés et par l'étrangeté des scènes qui s'enchaînent. L'incompréhensible fil narratif, les anomalies visuelles - à l'image de ce Père Noël sur canapé à la barbe retroussée - transforment la danse en un récit onirique. Solo kaléidoscopique, avec ses changements de costumes, de décors et surtout de physicalités, il repose cependant sur un travail réfléchi de plusieurs années. Ainsi, la pratique « sérieuse », selon les termes d'Antonija Livingstone, du travestissement qui remonte à ses quatorze ans et qui s'est poursuivie depuis lors dans des performances de Drag King à Vancouver et à Montréal, ou plus récemment dans le duo Cat Calendar avec Antonia Baehr, dans lequel les deux artistes figurent des hommes âgés. Le travestissement répond au souci constant pour Antonija Livingstone « de donner et de prendre à la fois un espace pour représenter des corps non représentés dans la danse contemporaine ». Autre élément récurent et permanent dans le travail et que l'on perçoit progressivement dans le solo : un état physique toujours à la recherche, en éveil, construit dans une relation de dialogue. Antonija Livingstone développe ainsi depuis 2003 un ensemble de Conversations Chorégraphiques avec l'artiste new-yorkaise Heather Kravas et dont The Part est l'une d'entre elles. Plus qu'un solo, The Part apparaît dans une forme duelle, double, il est un « entre deux », une possibilité de duo qu'Antonija Livingstone interprète avec elle-même aux bénéfices d'un horizon de perceptions renouvelées pour le spectateur. Ambiguë, ambivalente, la danseuse déroule dans cette pièce par une succession de propositions, les faces inverses, cachées, contraires, les « pôle sud » de toutes positions et rôles définis. Son talent opère en quelque sorte par des effets de glissements (dans les attitudes, les mouvements, les objets, les éclairages, les costumes) qui mettent en branle toute forme de fixité, toute idée convenue. Travail de déconstruction et de reconstruction, le duo repose sur une recherche physique autour des notions d'oscillation et de balancement.
Très concrètement, Antonija Livingstone explique à ce sujet l'importance de la découverte de la glisse sur des snowboards, souvent interdits contractuellement aux danseurs, trouvant là « un nouveau terrain fantastique de pratique de la danse ». Parallèlement, la chorégraphe était partie à la recherche du Père Noël en Suède, figure dont elle s'empare pour évoquer le corps même du théâtre. Aussi factice que ce personnage mythique, le théâtre offre de manière symbolique « une excuse pour participer à cet échange de cadeaux ». Et au solo de s'ouvrir, non sans humour ni questionnement, par ces mots de Sammy Davis Jr : « DANCE BALLERINA DANCE AND DO YOUR PIROUETTE IN RHYTHM WITH YOUR ACHING HEART, DANCE BALLERINA DANCE, YOU MUST ONCE FORGET A DANCER HAS TO DANCE THE PART... JUST IGNORE THE CHAIR THAT IS EMPTY IN THE SECOND ROW, THIS IS YOUR MOMENT, GIRL, ALTHOUGH HE IS NOT OUT THERE APPLAUDING AS YOU STEAL THE SHOW... ONCE YOU SAID, TRUE LOVE MUST WAIT ITS TURN, YOU WANTED FAME INSTEAD, I GUESS THAT'S YOUR CONCERN, WE LIVE AND LEARN, AND LOVE IS GONE, BALLERINA GONE, SO ON WITH YOUR CAREER YOU CAN'T AFFORD A BACKWARDS GLANCE, DANCE, ON AND ON AND ON, A THOUSAND PEOPLE HERE HAVE COME TO SEE THE SHOW AND ROUND AND ROUND YOU GO SO, BALLERINA DANCE ».
Traduction : « Danse ballerine danse, et fais ta pirouette au rythme de ton cœur qui souffre, danse ballerine danse, pour une fois, oublie qu'un danseur a un rôle à danser... Ignore ce siège vide au deuxième rang, c'est ton heure, ma fille, bien qu'il ne soit pas là pour applaudir pendant que tu attires toute l'admiration. Un jour tu as dit : l'amour véritable doit attendre son tour, à la place tu voulais la gloire, j'imagine que c'est ce qui te tracasse, nous devons vivre et apprendre, et l'amour est parti, ballerine, parti, alors poursuis ta carrière, tu ne peux pas te permettre de regarder derrière, danse, va de l'avant, toujours et encore, un millier de personnes sont venues ici pour assister au spectacle et tu tournes et tournes encore, alors danse ballerine ».