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Théâtre de la Bastille

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L'avantage du doute.


21 nov > 15 nov

"Je m'efforcerai de ne pas manipuler la réalité, mais de recevoir". (Franck Vercruyssen)

Lun 21, mar 22, mer 23, ven 25, dim 27, mar 29, mer 30 (nov), jeu 1er, ven 2, sam 3, mar 6, mer 7, jeu 8, ven 9, dim 11, mar 13, mer 14, jeu 15 (dec). Spectacle à 21h, dimanche à 17h.


L'Avantage du doute

Un spectacle de et avec Simon Bakhouche, Mélanie Bestel, Judith Davis, Claire Dumas, Minke Kruyver, Nadir Legrand, Tiago Rodrigues, Kajsa Sandstrom, Frank Vercruyssen et Cathy Verney. Production Tg STAN. Coproduction Festival d'Automne à Paris et Théâtre de la Bastille.

C'est une aventure d'un genre nouveau pour Frank Vercruyssen. Après En Quête, spectacle présenté en 2004 au Théâtre de la Bastille, le comédien rêvait d'expériences différentes. Non plus être seul sur scène, mais travailler avec d'autres. « C'est né au fil des stages qu'il m'arrive d'animer. J'ai rencontré beaucoup de monde de cette façon ces dernières années et j'ai eu envie d'inventer quelque chose à partir de là, seulement je ne savais pas bien quoi. Alors l'idée m'est venue de rassembler des gens que j'aime et de voir ce que cela donnera. En même temps, j'ai envie de me taire. Habituellement, ce genre d'opération suppose toute une préparation en amont. On planifie, on organise, on gaspille beaucoup de mots au bout du compte. »
Frank Vercruyssen voit les choses autrement. Il veut laisser la bride sur le cou et surtout ne pas encadrer. « Je vais me taire, car je veux savoir comment cela se passe quand l'initiative est chez les autres. Donc motus, et je regarde comment cela se passe. » Rien n'est fermé. C'est au bord que notre homme compte se positionner. Sur la touche, comme un entraîneur d'équipe de football. De là, il peut se livrer à l'un de ses jeux favoris, observer. Sous ses yeux, le chaos, l'indécision, l'anarchie, le champ des possibles. « Je leur demanderai d'improviser, mais sans autre précision. Ils feront ce qu'ils veulent. Au bout de quatre semaines, on va voir ce que l'on aura obtenu comme matière et on pourra composer quelque chose à partir de là. Je ne veux pas que cela soit mou, dans le genre de ces improvisations des années 1980 où l'on se regarde le nombril. Je veux quelque chose de fort. Il faut que cela soit explicite, que cela soit tourné vers le public. » Participera-t-il au spectacle ? Il ne le sait pas encore. Il ne sait rien, ou presque. « Parmi les gens que j'ai choisis pour ce projet, plusieurs ne se connaissent pas du tout. Certains ne parlent pas français ; d'autres ne parlent pas anglais. Comment tout cela va-t-il se dérouler ? Que va-t-il en sortir ? Est-ce que cela sera hétérogène ? Est-ce que cela aura la forme d'un collage d'écritures ? Il est encore trop tôt pour le dire. »
Une chose est sûre, c'est que ce projet lui tient à cœur. L'idée étant de partager une aventure avec des comédiens curieux de sa démarche, sans pour autant assumer le rôle de celui qui enseigne, explique, théorise. « Dans les stages, je parle énormément. Alors, ici je choisis d'être en retrait. Aux autres de prendre la parole, de s'expliquer. Les gens qui participent au projet viennent d'horizons divers. Ils sont là parce qu'ils ont vu nos spectacles. Ils connaissent notre façon de travailler. Il y a, par exemple, une danseuse suédoise que j'ai rencontré à P.A.R.T.S., l'école de danse d'Anne-Teresa De Keersmaeker. Elle a passé son enfance sur une petite île au large de la Suède et c'est quelqu'un qui a toujours froid. Il y a aussi une étudiante néerlandaise originaire de Haarlem qui est en dernière année au Studio Herman Teirlinck ; un homme de cinquante-cinq ans qui était clown dans les années 1970 ; un Parisien qui réalise des vidéos ; une jeune femme très énergique, originaire de Lyon, et puis Tiago Rodrigues qui est le seul à avoir déjà joué dans des spectacles de Stan. Cela pour en mentionner quelques-uns. Et moi je vais les regarder et les écouter. Je ne leur donnerai même pas de conseils. Je m'efforcerai de ne pas manipuler la réalité, mais de recevoir. »

Hugues Le Tanneur