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Théâtre de la Bastille

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I Apologize.


08 fev > 12 fev

Sur des textes de Dennis Cooper, Gisèle Vienne s'attache au mystère de l'adolescence.

I Apologize


Dimanche 26 février à 18h. Body Double (X) Un film de Brice Dellsperger avec Jean-Luc Verna-(france-2000-Vidéo-1h42) Centre Cuturel Suisse-34 rue des Francs Bourgeois 75003 Paris-01 42 71 44 50-wwww.ccsparis.com


Textes et voix de Dennis Cooper. Conception Gisèle Vienne. Crée en collaboration avec et interprété par Jonathan Capdevielle, Anja Röttgerkamp, Jean-luc Verna. Musique Peter Rehberg. Lumuère Patrick Riou. Maquillages Rebecca Flores. Création des poupées Raphaël Rubens, Dorothée Vienne-Pollack, Gisèle Vienne. Textes traduits de l'américain au français par Laurence Viallet.

Dans I Apologize, sur des textes de Dennis Cooper, Gisèle Vienne s'attache au mystère de l'adolescence à travers le personnage d'un jeune homme dont on décrypte partiellement l'univers au fil d'une reconstitution. Trois personnages - un homme et deux femmes - évoluent au milieu de poupées qui ressemblent à des jeunes filles. « Les adolescents chez Cooper possèdent une imagination romantique et morbide. La poupée dans ce contexte est une femme-fille-poupée, un nœud dramatique, qui représente le rapport de Dennis Cooper à l'adolescent et ses fantasmes, et qui se traduit parfois par une relation cruelle et attentionnée.

C'est avec un certain amusement, qui d'ailleurs la caractérise bien, que Gisèle Vienne indique l'année de sa naissance, 1976, comme étant aussi celle de la mort de Pierre Molinier, histoire de nous prévenir que son travail se situe du côté de ces affinités artistiques-là. Le photographe, artiste fétichiste et travesti, n'aurait certainement pas désavoué cette paternité, tant ils partagent tous deux le goût du jeu, du trouble et de la sophistication.
Gisèle Vienne étudie la philosophie et l'art de la marionnette, avant de créer quatre spectacles en collaboration avec Etienne Bideau-Rey, Splendid's de Jean Genet en 2000, ShowRoomDummies en 2001 (Théâtre de la Bastille, 2002), Stéréotypie en 2003 et Tranen Veinzen en 2004. La préoccupation pour ces deux jeunes artistes est de réfléchir aux rapports entre corps vivants et corps inertes, corps réels et corps artificiels, ce qui les fait connaître en dehors du cadre confiné de la marionnette en les situant dans le champ de la chorégraphie. Sans abandonner cette recherche, Gisèle Vienne, désormais seule à la mise en scène, redécouvre, à la faveur de la sortie du roman La Reprise, l'œuvre intégrale d'Alain Robbe-Grillet. Très influencée par l'écriture de cet auteur, elle décide alors d'approfondir une recherche théâtrale qui rendrait compte de la perception de la réalité "par reconstitution avec toutes les lacunes, en n'émettant que des hypothèses plus ou moins avancées". Et c'est bien ainsi que se présentent les deux pièces I Apologize et Une belle enfant blonde / A young, beautiful blonde girl qui déroutent le spectateur pour sa plus grande jubilation.

Les deux pièces forment un diptyque, elles racontent toutes les deux la même histoire. Celle d'un crime, les scènes se jouent et se rejouent en des variations qui donnent le tournis. Tout a déjà eu lieu, mais que s'est-il passé au juste ? Devant nous, la reconstitution du réel devient alors une vaste entreprise au service d'un imaginaire débridé qui laisse une large place à la fantaisie et aux fantasmes érotiques. Les artifices théâtraux mis au profit de la confusion narrative sont multiples : travestissement, dédoublement des personnages, hors-champ sonore, indices disséminés dans l'espace, réalisme troublant des pantins... Ils sont, en quelque sorte, ces notes en bas de page que Robbe-Grillet utilise dans son roman La Reprise pour prendre le lecteur à témoin et le mettre en garde sur la véracité des dires du narrateur. Dans le théâtre de Gisèle Vienne, nous assistons à la mise en doute permanente de ce que nous voyons et de ce que nous entendons. Difficile en effet de suivre la fable dans ce monde aux identités multiples assumées par les mêmes acteurs, difficile de se fier aux actions scéniques quand la vue est sans cesse mise en question par l'oreille, tension dramatique créée par la musique de Peter Rehberg ou bruits provenant de l'arrière-scène.
Performances de la déconstruction narrative, ces deux spectacles stimulent, grâce à la perversité brillamment assumée des interprètes, le trouble, le désir et le mystère qui garantissent la jouissance du spectateur.

Production déléguée DACM. Coproduction Les Subsistances/Lyon 2004, WP-Zimmer/Anvers. Avec le soutien du Centre chorégraphique national de Grenoble dans le cadre de l'Accueil Studio 2004, du Ministère de la Culture/ DRAC Rhône-Alpes, du Conseil régional Rhône-Alpes, du Conseil général de l'Isère, de ske/Autriche, de l'Institut National de la Marionnette et de la compagnie des Indes pour la captation.

Remerciements aux Ateliers de construction du Théâtre de Grenoble, Boutique Catherine Lafon/Lyon, L'Institut International de la Marionnette, Vidya Gastaldon, Robrecht Ghesquière, Mark Harwood, Jean-Paul Hirsch, Martin Lecarme, Antoine Masure, Paul Otchakov-Laurens, Isabelle Piechaczyk, Béatrice Rozycki, Estelle Rullier, Yury Smirnov, Alexandre Vienne, Jean-Paul Vienne, la Villa Gillet et la compagnie des Indes.