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Théâtre de la Bastille

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La mort de Danton


16 fev > 04 mar

Avec Brice Borg, Jean Louis Coulloc'h, Mathieu Genet, Alban Guyon et Jenna Thiam

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François Orsoni a présenté avec succès Jean La Chance (2009), Baal (2010) et Jeunesse sans Dieu (2014) au Théâtre de la Bastille. Les écrits de jeunesse de Brecht et de Horváth, par la puissance des mots et la force du récit, ressemblent beaucoup à l’oeuvre de Büchner. Fasciné par cet auteur, François Orsoni en admire la quête de la vérité, l’écriture théâtrale directe, drôle, intelligente et jamais dogmatique. Ses textes, résolument tournés vers la vie, y puisent toute leur puissance et leur beauté.
Articulé autour de grands débats rhétoriques, ponctué de références à la République romaine, La Mort de Danton nous plonge immédiatement dans la fièvre de l’action et son fascinant tourbillon des enjeux. Car c’est un Paris perturbé, un Paris de l’intrigue que donne à voir Büchner. La rue, sous la Révolution est extrêmement dangereuse. Sur un mot, une attitude, un signe vestimentaire, tout peut basculer. C’est cette tension, cette manière quasi animale de demeurer en alerte qui nous sont données à entendre. Danton ne veut plus lutter. L’homme de la levée en masse baisse la garde, en répétant pour lui-même : « Ils n’oseront pas ! ». Sur cette marque de faiblesse, l’absorption inéluctable se met en marche, entraînant Danton et ses amis du salon à la chambre, du couloir au cachot et du cachot à la guillotine. La pièce est un long poème lyrique, accompagnant les protagonistes dans leur chute où, seuls, ils affronteront une mort qu’ils ont eux-mêmes inventée.
Si la Révolution a démocratisé le pouvoir, elle a aussi déplacé les jeux de cour de Versailles à Paris. Pour accueillir les réunions des clubs, les débats, les procès, les révolutionnaires se sont emparé des églises, des couvents, des théâtres. Jouer La Mort de Danton au Théâtre de la Bastille, à deux pas de sa place, aux abords du faubourg Saint-Antoine où retentirent si souvent les chants patriotes des sections, est tout un symbole.
L’intimité propre à la salle du haut du Théâtre de la Bastille modifiera les repères, en brisant la frontière entre l’espace de jeu et celui des spectateurs. Alors, scène après scène, les enjeux de la Révolution retrouveront toute l’urgence de leur démesure. Cet état de désordre sera saisissant, dans une mise en espace où chacun pourra librement intérioriser le cheminement du poème.
« Il faut, est l’une des paroles de condamnation avec lesquelles l’homme a été baptisé », écrivait Büchner, dans une lettre à sa fiancée datée du 10 mars 1834. « À chaque fois que je prononce Il faut, je suis saisi par le gouffre que cette formule recouvre et découvre. Si nous parvenons à communiquer cette inquiétude au spectateur, ce sera merveilleux. C’est peut-être cela l’objectif et le message de La Mort de Danton », explique François Orsoni.

C. P.


 

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La mort de Danton

François Orsoni a présenté avec succès Jean La Chance (2009), Baal (2010) et Jeunesse sans Dieu (2014) au Théâtre de la Bastille. Les écrits de jeunesse de Brecht et de Horváth, par la puissance des mots et la force du récit, ressemblent beaucoup à l’oeuvre de Büchner. Fasciné par cet auteur, François Orsoni en admire la quête de la vérité, l’écriture théâtrale directe, drôle, intelligente et jamais dogmatique. Ses textes, résolument tournés vers la vie, y puisent toute leur puissance et leur beauté.
Articulé autour de grands débats rhétoriques, ponctué de références à la République romaine, La Mort de Danton nous plonge immédiatement dans la fièvre de l’action et son fascinant tourbillon des enjeux. Car c’est un Paris perturbé, un Paris de l’intrigue que donne à voir Büchner. La rue, sous la Révolution est extrêmement dangereuse. Sur un mot, une attitude, un signe vestimentaire, tout peut basculer. C’est cette tension, cette manière quasi animale de demeurer en alerte qui nous sont données à entendre. Danton ne veut plus lutter. L’homme de la levée en masse baisse la garde, en répétant pour lui-même : « Ils n’oseront pas ! ». Sur cette marque de faiblesse, l’absorption inéluctable se met en marche, entraînant Danton et ses amis du salon à la chambre, du couloir au cachot et du cachot à la guillotine. La pièce est un long poème lyrique, accompagnant les protagonistes dans leur chute où, seuls, ils affronteront une mort qu’ils ont eux-mêmes inventée.
Si la Révolution a démocratisé le pouvoir, elle a aussi déplacé les jeux de cour de Versailles à Paris. Pour accueillir les réunions des clubs, les débats, les procès, les révolutionnaires se sont emparé des églises, des couvents, des théâtres. Jouer La Mort de Danton au Théâtre de la Bastille, à deux pas de sa place, aux abords du faubourg Saint-Antoine où retentirent si souvent les chants patriotes des sections, est tout un symbole.
L’intimité propre à la salle du haut du Théâtre de la Bastille modifiera les repères, en brisant la frontière entre l’espace de jeu et celui des spectateurs. Alors, scène après scène, les enjeux de la Révolution retrouveront toute l’urgence de leur démesure. Cet état de désordre sera saisissant, dans une mise en espace où chacun pourra librement intérioriser le cheminement du poème.
« Il faut, est l’une des paroles de condamnation avec lesquelles l’homme a été baptisé », écrivait Büchner, dans une lettre à sa fiancée datée du 10 mars 1834. « À chaque fois que je prononce Il faut, je suis saisi par le gouffre que cette formule recouvre et découvre. Si nous parvenons à communiquer cette inquiétude au spectateur, ce sera merveilleux. C’est peut-être cela l’objectif et le message de La Mort de Danton », explique François Orsoni.

C. P.


 

Réalisation +
Texte Georg Büchner Traduction  Arthur Adamov Mise en scène François Orsoni Dramaturgie Olivia Barron Musique Thomas Landbo Scénographie-vidéo Pierre Nouvel Costume Natalia Brilli Perruque Cécile Larue
Administration Grace Casta

 

 

Production Théâtre de NéNéKa  Coproduction MC93 Maison de la Culture de la Seine-Saint-Denis, Théâtre de la Bastille,  Collectivité Territoriale de Corse, Ville d’Ajaccio. Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National