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Théâtre de la Bastille

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Avec Rodolphe Dana

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Porter à la scène Voyage au bout de la nuit, premier roman de Céline écrit en pleine crise de 1929, et À la recherche du temps perdu de Proust, soit deux livres majeurs du XXe siècle, est un défi pour le moins audacieux.
Fidèles à leur amour de la littérature et à leur confiance dans le théâtre pour faire entendre des langues et des mondes, les Possédés relèvent le pari.
Rien de commun entre Proust et Céline – le second détestait d'ailleurs le premier dont il disait qu'il s'était occupé des mondains, quand lui s'occupait du peuple.
Rien, si ce n'est un amour de la littérature considéré comme un absolu et une manière de révolutionner le style qui les apparente, selon Rodolphe Dana, à des « romanciers-poètes ». Le premier a écrit des phrases longues et sinueuses, « liftées » comme le suggère le titre des Possédés, c'est-à-dire capables de s'enrouler sur elles-mêmes avant de repartir et de se déployer dans une direction surprenante ; le second a saisi par sa puissance, son écriture chaotique, rapide, emportée dans le flux de l'oralité.
Pour Voyage au bout de la nuit, Rodolphe Dana est seul en scène, comme il l'avait été pour Loin d'eux de Laurent Mauvignier. Seul comme Ferdinand Bardamu, cette figure tragi-comique arpentant le monde, plongée dans la boucherie de la guerre de 14, découvrant ensuite la chaleur et la torpeur des colonies africaines, puis la naissance du monde moderne et industriel à New York avant de revenir… Un Ferdinand Bardamu confronté à l'horreur et à la bêtise humaine qu'il ne cesse de conchier, mais avec un mordant qui le met résolument du côté du vivant. « Il y a de l'humour chez Céline, que l'on perçoit plus en le jouant qu'en le lisant. C'est jouissif, gourmand, généreux, baroque… » dit ainsi Rodolphe Dana.
Pour Le coup droit lifté de Marcel Proust, changement de registre : ils sont quatre sur le plateau, deux hommes et deux femmes, partant du principe que chacun peut se retrouver dans les émotions que l'écrivain fait ressurgir : la solitude de l'enfant qui attend le baiser de sa mère, le premier émoi amoureux, le souvenir qui refait surface grâce à l'odeur d'une madeleine… Il s'agit ici avant tout pour les acteurs de faire ressortir la puissance d'évocation, la physicalité de l'écriture de La Recherche. Car, comme le souligne Rodolphe Dana, « lorsqu'on lit Proust, on est emporté par sa fluidité, mais lorsqu'on le joue, on s'aperçoit de l'effort physique, de l'énergie que sa phrase demande qui est aussi l'effort fourni pour fixer le temps, pour arracher la sensation à l'oubli. »
Comme toujours, c'est littéralement en se frottant aux textes que la troupe travaille, pour faire surgir au plus près l'humanité, l'énergie, le désir qui les agitent dans leurs profondeurs, en quête d'une totalité sensible.
L.D

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Voyage au bout de la nuit

Porter à la scène Voyage au bout de la nuit, premier roman de Céline écrit en pleine crise de 1929, et À la recherche du temps perdu de Proust, soit deux livres majeurs du XXe siècle, est un défi pour le moins audacieux.
Fidèles à leur amour de la littérature et à leur confiance dans le théâtre pour faire entendre des langues et des mondes, les Possédés relèvent le pari.
Rien de commun entre Proust et Céline – le second détestait d'ailleurs le premier dont il disait qu'il s'était occupé des mondains, quand lui s'occupait du peuple.
Rien, si ce n'est un amour de la littérature considéré comme un absolu et une manière de révolutionner le style qui les apparente, selon Rodolphe Dana, à des « romanciers-poètes ». Le premier a écrit des phrases longues et sinueuses, « liftées » comme le suggère le titre des Possédés, c'est-à-dire capables de s'enrouler sur elles-mêmes avant de repartir et de se déployer dans une direction surprenante ; le second a saisi par sa puissance, son écriture chaotique, rapide, emportée dans le flux de l'oralité.
Pour Voyage au bout de la nuit, Rodolphe Dana est seul en scène, comme il l'avait été pour Loin d'eux de Laurent Mauvignier. Seul comme Ferdinand Bardamu, cette figure tragi-comique arpentant le monde, plongée dans la boucherie de la guerre de 14, découvrant ensuite la chaleur et la torpeur des colonies africaines, puis la naissance du monde moderne et industriel à New York avant de revenir… Un Ferdinand Bardamu confronté à l'horreur et à la bêtise humaine qu'il ne cesse de conchier, mais avec un mordant qui le met résolument du côté du vivant. « Il y a de l'humour chez Céline, que l'on perçoit plus en le jouant qu'en le lisant. C'est jouissif, gourmand, généreux, baroque… » dit ainsi Rodolphe Dana.
Pour Le coup droit lifté de Marcel Proust, changement de registre : ils sont quatre sur le plateau, deux hommes et deux femmes, partant du principe que chacun peut se retrouver dans les émotions que l'écrivain fait ressurgir : la solitude de l'enfant qui attend le baiser de sa mère, le premier émoi amoureux, le souvenir qui refait surface grâce à l'odeur d'une madeleine… Il s'agit ici avant tout pour les acteurs de faire ressortir la puissance d'évocation, la physicalité de l'écriture de La Recherche. Car, comme le souligne Rodolphe Dana, « lorsqu'on lit Proust, on est emporté par sa fluidité, mais lorsqu'on le joue, on s'aperçoit de l'effort physique, de l'énergie que sa phrase demande qui est aussi l'effort fourni pour fixer le temps, pour arracher la sensation à l'oubli. »
Comme toujours, c'est littéralement en se frottant aux textes que la troupe travaille, pour faire surgir au plus près l'humanité, l'énergie, le désir qui les agitent dans leurs profondeurs, en quête d'une totalité sensible.
L.D

Réalisation +

Création dirigée par Katja Hunsinger et Rodolphe Dana

Production Collectif Les Possédés Coproduction Théâtre de Nîmes scène conventionnée pour la danse contemporaine, La Ferme du Buisson – Scène nationale de Marne-la-Vallée, Scène nationale d’Aubusson – Théâtre Jean Lurçat.
Avec le soutien de la Colline Théâtre national Le Collectif Les Possédés bénéficie du soutien de la DRAC Île-de-France Ministère de la Culture et de la Communication Le Collectif Les Possédés est associé à La Ferme du Buisson – Scène nationale de Marne-la-Vallée, à la Scène nationale d’Aubusson – Théâtre Jean-Lurçat Production / diffusion Maud Rattaggi