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Théâtre de la Bastille

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Après coups (Projet un-femme)


03 fev > 05 fev

Avec  : Victoria Belen Martinez, Natacha Kouznetsova

 
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Dans projet un-femme, la metteur en scène Séverine Chavrier convoque deux interprètes issues du théâtre, de la danse, du cirque, deux femmes. Son enjeu : restituer leurs paroles, nous faire entendre ce qu’elles ont à dire sur leurs trajets d’artistes, de femme, de personnes, ce qu’elles ont retenu de leurs enfances, leurs souvenirs, les chansons qu’elles chantaient, leurs corps, comment ils poussaient, ce qu’elles souhaitaient devenir. Deux femmes donc, mais aussi deux continents, des histoires singulières, l’Histoire avec un grand H, l’Argentine, la Russie, Tchernobyl… Tout cela rassemblé sur un plateau aux allures de ring de boxe ou de catch ; un lieu de contact, de partage, de mise à nu, de combat ; un espace de confession, de paroles, de chants aussi. Accompagnés par les voix off des interprètes, les soli se succèdent, dans un rapport de correspondances entre eux, comme des « variations sur un même thème ». Quand il est question de savoir comment chacun fait, se débat, avec ses héritages, son histoire, ses désirs…
Stéphanie Chaillou

Avec deux interprètes venues d’horizons géographiques et artistiques différents (danse et cirque), nous aimerions accrocher ce point d’achoppement entre le public et le privé, où l’être est brinquebalé entre un régime de pouvoir et l’accomplissement d’un dessein artistique, de son propre destin de femme-artiste.

Cette bataille aujourd’hui souvent intériorisée, secrète, non formulée, comment la déplier, y faire un instant retour, lui donner une voix ? Comment les singularités s’offrent-elles aujourd’hui en dehors d’un geste artistique ? L’espace du plateau peut-il être un lieu de tentatives et de partage qui redonne sa place et son temps à des singularités, des vitalités mais aussi des histoires, petites qui rejoignent la grande, grande qui se diffracte dans toutes les petites, celles des drames humains, quotidiens... des vies ?

Des voix et des voies
Nous nous engagerons donc à dessiner une carte du violent par un voyage certes non exhaustif : à l’écoute de ces deux voix venues d’Amérique du sud (Argentine) et de Russie, nous essayerons de prendre des bribes d’aveux, de considérations intempestives, d’évidentes soumissions, de curieuses nostalgies, de révoltes, de traversées à travers les évènements parfois catastrophiques, les mythes et mythologies inconscients et collectifs. S’y soulèveront, nous l’espérons, des questions et des correspondances plus vastes comme celle du féminin, de la formation, de la filiation, d’une génération aux prises avec la question de l’engagement et d’une mondialisation toujours plus réductrice en terme d’imageries et de divertissements. Il est temps d’interroger ce moment particulier où les filiations, plus qu’un repère, deviennent un tourment et les rencontres, plus qu’un échange, sont un affrontement avec soi-même, avec sa propre histoire. A ces voix enregistrées dans l’intimité des répétitions, l’artiste devra répondre par des actes de plateau, par le partage de sa mémoire, lieu de réappropriation de l’individuel et du collectif (langue maternelle, chansons, « danses caractères », etc.)

Figures de pouvoir
Nous voudrions aussi que chacune des interprètes interroge à sa manière une figure de pouvoir ou au contraire l’anonyme de la soumission. C’est autour de la figure de Richard III que l’exercice se partagera. Il s’agira, tout comme Müller le faisait, de revisiter la figure shakespearienne du mal absolu dans notre monde contemporain, afin de repérer les nouvelles postures fascisantes, les nouvelles rancoeurs, les nouveaux fantasmes de toute puissance derrière lesquels nous pourrions à nouveau nous engouffrer. Comment chacune, de part son histoire, de part son art, pourrait s’approprier un instant cette figure de Richard et de son double muet Catesby ? En continuant à interroger une génération et de quoi nous sommes les héritiers, c’est explorer la question du cynisme du pouvoir, une invention du langage de la laideur, le corps animé du discours démagogique jusqu’à la clownerie...

Les corps
Dans cette distorsion technique entre la parole (en voix off) et le geste, nous voudrions libérer le geste pour qu’il puisse faire image et incarner par des figures rudimentaires liées à quelques accessoires en commun au plateau (bottes de soldat, gants de boxe, masques de catch, robes blanches) leurs fantômes, ceux du XXème siècle agonisant ou d’un début de XXIème parfois catastrophique et miséreux. Ces figures se déploieront plus ou moins dans une bagarre toujours renouvelée avec le cliché, soi-même, les paroles diffusées, sur des musiques jouant aussi le rôle de leitmotiv et de  « revivals ». Accents chorégraphiques et ritournelles obsessionnelles dessineront des visions anciennes ou prémonitoires.

 

Réalisation +

Un projet de Séverine Chavrier

Projet soutenu par le Théâtre Roger Barat d’Herblay, le Théâtre de la Bastille, Micadanses, le Ballet du Nord-CCN de Roubaix dans le cadre des accueils studio, le Théâtre du Nord, CDN de Lille dans le cadre d’une résidence, le Nouveau Théâtre - CDN de Montreuil. En partenariat avec le Festival Faits d’hiver. Remerciements à Mehdi Azéma, Julien Buchy, Benjamin Chavrier, Mathieu Dorsa, Laurent Papot, Laure Mahéo, Vincent Millet, Julie Pelat, Maxime Trevisort et La Comédie-Française. La compagnie La Sérénade Interrompue est en résidence au Théâtre Roger Barat d’Herblay, avec l’aide de la ville de Herblay, de la Drac Île-de-France, du Conseil général du Val d’Oise et du Festival théâtral du Val d’Oise