Dans cette nouvelle création du collectif flamand tg STAN, Georgia Scalliet et Jolente De Keersmaeker nous plongent dans une expérience théâtrale : comment traverser le rôle d’Ophélie ? Celle qui, chez Shakespeare dans Hamlet, parle si peu mais inspire beaucoup, celle dont on se figure qu’elle est tragique, romantique, pathétique, celle qui fuit et se noie. Seule sur scène, Georgia Scalliet jouera Ophélie. Et Ophélie jouera la mystérieuse. Et l’actrice déjouera son mythe. Il s’agira d’amour, d’idéal, du deuil, de la folie. De la femme à l’héroïne, elles se laisseront traverser par des rencontres littéraires, croisant les mots de Virginia Woolf, d’Anton Tchekhov... La Part d’Ophélie sera pour ses spectateurs multiple, intime et irrésolue. Avec cette tentation : rendre à Ophélie une part de liberté.

Elsa Kedadouche

« Je serai seule avec mes seins, mes cuisses, mon ventre. »
Heiner Müller, Hamlet machine, monologue d’Ophélie

Déjouer les attentes
Les grandes figures du répertoire dramatique, Ophélie, Bérénice, sont à l’honneur des prochaines créations du tg STAN. Comment traverser le rôle d’Ophélie ? Comment incarner la femme derrière la figure ? Cette question amène Jolente de Keersmaeker et Georgia Scalliet à remettre en cause les images trop bien intégrées, les projections muettes sur celle qui a été écrite pour mourir, pour finir au fond de la rivière. Avec Via Berenice, Frank Vercruyssen, en maître de cérémonie aguerri, invite les spectateurs à jouer les tirades très célèbres de la pièce. Professionnels, amateurs, tous indistinctement réunis pourront s’engager dans le plaisir du jeu et déplacer, l’air de rien, notre idée de ce qu’est une représentation théâtrale. Déjouer les attentes pour redécouvrir, voilà ce qui présidera aux gestes de création des STAN, qui clôtureront cette présence par un «  Impromptu  », comme il se doit !
Géraldine Chaillou